Présentée dans le cadre de SALO, Salon du Dessin Érotique, cette performance que j'ai écrite explore les dimensions du désir, de l’intimité et du voyeurisme. Inspirée des écrits d'Anaïs Nin, elle invite à une exploration de l'intime, où le spectateur devient un acteur silencieux et essentiel du récit. La scène se déroule dans un espace transformé en peep-show contemporain, où une baie vitrée semi-obstruée suscite la curiosité. Ce jeu entre intérieur et extérieur questionne notre fascination pour ce qui est caché et réveille la pulsion scopique : l'irrésistible plaisir d'observer sans être vu. Au centre de cette installation, un rideau-tube en voile de coton rose, léger et vaporeux, enveloppe un(e) participant(e) dans un cocon personnel. L’invitation à s’asseoir, entouré(e) de trois performers, marque le début d’un rituel singulier. Cet espace, à la fois clos et perméable, se ponctue de fentes discrètes par lesquelles filtrent des caresses sensuelles et des sensations multiples – auditives, tactiles, gustatives – accompagnées de la lecture intime d’un extrait d’Aphrodisiac, le témoignage passionné d’Anaïs Nin. Cette performance interroge la relation au corps et au regard, au désir et à l’abandon, en plaçant le spectateur à la limite entre complice et témoin. Une expérience éphémère qui suspend le temps, explorant avec grâce les frontières de l’intime. La scénographie et les costumes de cette performance ont été conçus pour amplifier l’intensité de l'expérience. Les tenues, volontairement légères en raison de la chaleur brûlante de cette journée d’été, portaient en elles une forte symbolique. Romain, en sous-vêtements blancs et paré de boucles d’oreilles en perles de culture, incarnait une silhouette androgyne, tandis que Vanessa, en transparence et tons chair, portait une robe en mesh rose, posée sur un body nude. Ses mules peep show et l'accessoirisation contrastée — un médaillon en camée coquillage sculpté — accentuaient l’opposition entre innocence et provocation. Pour ma part, enceinte, j’étais vêtue d’une robe kimono en soie légère, dans des tons clairs, imprimée de fleurs de cerisier, " sakura " japonais, symbole de vie et de mort, de beauté et de violence. La scénographie, subtile jouait du contraste avec une sauvagerie parfois dissimulée derrière une apparente candeur. L’atmosphère rose, aérienne , toute en douceur était ponctuée d'éléments plus bruts : des sensations qui allaient de la lecture d'un témoignage sensuel à des bruits exagérés de films pornographiques, créant une tension, une rupture, un déplacement entre douceur et intensité. La performance mêlaient subtilité et intensité, menant les participants vers une catharsis émotionnelle palpable. Les sourires épanouis et le besoin de tendresse qui suivaient témoignaient de la puissance de cette expérience.